date
dimensions
peinture
vernis
support
offerte à
lieu
2003
79 x 36
acrylique
brillant
contre-plaqué
Paris
 

Le nom de cette Vénus est bien entendu une paraphrase du célèbre premier vers d'une hymne chrétienne : "Stabat Mater dolorosa", maintes fois mise en musique par les plus grands compositeurs occidentaux, de Palestrina à Pärt, en passant par Poulenc ou Pergolèse (le plus beau ! bien que pompé sur le Salve Regina de Scarlatti…). D'ailleurs, je compte bien – un de ces jours – ajouter un Petrus à cette liste prestigieuse… Cela signifie : « La mère des douleurs se tenait debout » et fait référence à Marie au pied de la Croix, éprouvant le supplice et la mort de son fils. Cela m'est instantanément venu, dès que j'ai réfléchi à lui donner un nom, mais cette spontanéité est tout à fait justifiée. Il se trouve que j'ai peint un tableau important (dans mon cheminement artistique et spirituel) lié à cet événement : une Pietà (c'est-à-dire Marie déplorant Jésus, au décrochage de Son corps de la Croix), or il se trouve que j'y ai représenté Marie encore et toujours magnifiquement debout, malgré le poids de la souffrance qu'elle porte ; et il se trouve enfin que le vieil ami à qui j'ai offert cette Vénus m'avait acheté ce tableau.

Hormis les seins, le corps est sombre, couleurs douleur ; le deuil voilant sa face et les cuisses barbouillées de sang vicié… Mais elle reste là, debout ! immuable, intangible, en symbiose extatique à son mystère. Mais alors, surgissant de cet effroi, les seins nourriciers et consolateurs resplendissent de fraîcheur et de vie ! Certes, le traitement pictural est sans doute moins emphatique que je le décris, mais c'est l'état d'esprit.

Il faut dire que c'était la première fois que je peignais une Vénus en relief (alors que je les ai toujours visualisées ainsi, notamment le grand creux dans la tête, autour de l'œil unique). Visiblement, j'ai hésité sur la manière de la traiter, pour finalement plus l'orienter en représentation d'une statue plutôt que d'une femme vivante. C'est un choix (pas forcément raisonné) que je regrette aujourd'hui et qui sera réparé (j'espère) avec la Vénus Metropolis [à venir]. Ceci dit, voir la glaise des origines hésiter entre l'art de paraître et spiritualité d'être n'est pas dénué d'intérêt intellectuel ou méditatif…

Enfin, l'association d'une Vénus à Marie me semble naturelle (sans être prépondérante !) en tant que figure emblématique de la place du féminin dans les société humaines. Indépendamment de toutes sortes de convictions religieuses, c'est aussi une mise en perspective de l'amour charnel et de l'amour maternel, le plaisir et le bonheur, le risque et la sécurité, la passion et la raison.