des Choses à Dire

64 - Le poète est un ouvrier.

 

 

 

Maiakovski - le Poète est un ouvrier

 

 

février 2012. Bois, papier imprimé, plastique - cadre gris.

Je suis, depuis longtemps, un fervent amateur du grand poète futuriste russe Vladimir Maïakovski (représenté en fond), dont j'expose ce poème. Les 4 photos du grand fond sont d'Alexandre Rodtchenko. On pourra voir ici des captures d'écran d'une animation infographique sur un autre texte poétique.

J'adhère totalement à son point de vue de considérer le poète comme un travailleur totalement intégré dans la réalité et matérialité du monde. Néanmoins, ce n'est pas un métier, mais un état.

De même, je comprends très bien son ressenti d'artiste face à l'accablante incompréhension des non-artistes sur ce qu'il est, ce que représente son travail et toutes les particularités afférentes. C'est un problème – insoluble ! à mon avis – universel et intemporel.

 

 

 

 

 

 

 

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Vladimir Maïakovski - Le poète est un ouvrier (1918)

 

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  On gueule au poète :  
 
« On voudrait t'y voir, toi, devant un tour !
 
 
C'est quoi, les vers ?
 
 
du verbiage !
 
 
mais question travail, des clous ! »
 
  Peut-être bien  
 

en tout cas

 
 

que le travail

 
 

est ce qu'il y a de plus proche

 
 

de notre activité.

 
 
Moi aussi je suis une fabrique.
 
  Sans cheminée  
 

peut-être

 
  mais sans cheminée c'est plus dur.  
 
Je sais, vous n'aimez pas les phrases creuses.
 
  Débiter du chêne, ça, c'est du travail.  
 

Mais nous

 
  ne sommes-nous pas aussi des menuisiers ?  
 

Nous façonnons le chêne de la tête humaine.

 
  Bien sûr,  
 

pêcher est chose respectable.

 
  Jeter ses filets  
 

et dans ses filets, attraper un esturgeon !

 
 

D'autant plus respectable est le travail du poète

 
 

qui pêche non pas des poissons

 
 
mais des gens vivants.
 
  Dans la chaleur des hauts fourneaux  
 
chauffer le métal incandescent
 
 
c'est un énorme travail !
 
  Mais qui pourrait  
 

nous traiter de fainéants ?

 
 
Avec la râpe de la langue, nous polissons les cerveaux.
 
  Qui vaut le plus ?  
 
Le poète
 
 
ou le technicien
 
  qui mène les gens vers les biens matériels ?
 
 
Tous les deux.
 
  Les cœurs sont comme des moteurs,
 
 
l'âme, un subtil moteur à explosion.
 
 
Nous sommes égaux.
 
  Camarades, dans la masse des travailleurs,  
 

prolétaires du corps et de l'esprit.

 
 
Ensemble seulement
 
 
nous pourrons embellir l'univers,
 
 

le faire aller plus vite, grâce à nos marches.

 
  Contre les tempêtes verbales bâtissons une digue.  
 
Au boulot !
 
 
La tâche est neuve et vive.
 
 

Au moulin

 
 

les creux orateurs !

 
 

Au meunier !

 
 

Qu'avec l'eau de leurs discours

 
 

ils fassent tourner les meules !

 

 
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