Lecture de Poésie et Littérature


 

Interprètes : Erwan Badin, Liza Pichard, Solenn Portanguen, Petrus.

décembre 2007

 

Stimmen, Stimmen. Höre, mein Herz, wie sonst nur Heilige hörten:
Des voix, des voix. Écoute, mon cœur, comme jadis seuls des saints écoutaient :

Rainer Maria Rilke - Élégies de Duino - II

 

 

Il y a en vidéo (YouTube)

 

On comprendra assez vite que la version papier n'a guère d'intérêt en elle-même, si ce n'est celui similaire à la lecture d'une partition musicale. « Seul compte le chant » comme l'a si bien écrit un poète ami, Tristan Pichard. On y verra quand même comment le tableur a pu être d'une aide précieuse à la conception et la mise en forme d'un texte de la sorte.

Chaque fragment fut enregistré plusieurs fois, sur des intonations diverses, et il ne fut pas simple d'en extraire une cohérence, parmi les possibles. J'en profite pour remercier grandement mes interprètes pour leurs patience et implication, sans parler de leurs belles capacités à restituer ce que toi seul/e comprendras. Quand j'eus mixé les voix, nues, j'ai aimé le travail quasi obligé de l'imaginaire, à l'écoute, trouvant que la stimulation fonctionnait bien. Cependant, c'eut sans doute été trop sec, austère et froid pour une diffusion à un public qu'on souhaite toujours le plus large possible.

J'ai donc procédé à une mise en situation sonore, optant pour un environnement plus homogène que pour les deux précédents (dans l'ordre de finalisation : « Va et Viens » et « Conjugaisons ». Cela pourrait se passer dans un sombre labyrinthe (le poème étant lui-même labyrinthique), ou les ruines d'un monde perdu, ou un outre-monde infernal. C'est d'ailleurs cette atmosphère que j'ai voulu donner à la vidéo (octobre 2014).

Pourtant, je reste un peu perplexe, voire dubitatif, quant à une trop forte détermination des habillages sonore et visuel, lesquels produisent un effet certain, mais risquant de dénaturer le propos en le confinant dans une atmosphère trop spécifique et assez stéréotypée (pouvant aller jusqu'au cliché). Néanmoins, c'est une approche qui n'est pas incongrue et je la garde et la présente pour ce qu'elle vaut (compte tenu des réserves évoquées). J'aime assez l'idée d'en faire une ou deux autres versions, très différentes, gardant les voix telles quelles, ne changeant que l'ambiance.

Il me faut encore dire un mot sur le sens de ce texte. Il va de soi que le propos principal est de solliciter l'intimité de l'auditeur/trice. Cette intimité m'est inconnue, mais, au-delà du sens des mots entendus, j'essaye de t'inviter à une sorte d'hypnose introspective, histoire de passer la lampe là où il n'y a pas de lumière (formelle). On est dans la déstructure. À chacun sa vision. La mienne, à l'écriture, fut plutôt orientée sensuelle et spirituelle, dans une association qui m'est chère, explorée sous divers aspects, à portée de l'âme, infiniment, et des sens (qui en ont, du sens), dans un momentané intense.

Certes, l'ambiance à de quoi inquiéter, parfois même être angoissante, mais c'est pour symboliser une fragilité devant une situation d'inconnu total, qui n'est donc pas forcément tragique, pouvant tout aussi bien être merveilleux ! Dans mon esprit, on est dans un enfermement ; à savoir une sorte d'enfer, qu'il soit réel ou mental ; à savoir un entr'aperçu des couches profondes de notre nature. Les voix sont multiples mais rien n'exclut non plus la solitude... ni bien sûr les rapprochements d'un érotisme salutaire. L'obscurité ne révèle rien (à la raison), sauf ce qui est compréhensible (à l'esprit).


 

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