Lecture de Poésie et Littérature

mars 2006

 

Interprètes : Erwan Badin, Liza Pichard, Solenn Portanguen, Petrus.

 

 

 

Ce morceau est construit sur un système : 3 parties variant les personnes des temps du verbe aimer : je, tu, il ou elle, et du pronom suivant : moi, toi, lui, elle – voir les 3 tableaux ci-dessous. Dans chaque partie, 12 sous-groupes thématiques : sensoriels et sensuels. Enfin, il fallut organiser la distribution également répartie entre les interprètes, deux hommes et deux femmes, et toutes les possibilités (ordre et partenaire). Le tableur se révéla très efficace pour me faciliter la tâche, car, si j'aime les systèmes, les appliquer (sans erreur) est une affaire plus complexe.

Enregistré en mars 2006 (chaque interprète séparément), ce n'est qu'en mars 2011 que j'ai découpé et structuré les 576 fragments de paroles pour que ça tienne dans le strict format des 5 minutes – était alors un postulat. J'aime bien la variété des interprétations dont aucune n'est vraiment en rapport avec une autre. Cela créé des décalages auxquels je suis sensible, sans que l'ensemble n'en soit affecté, ne trouvant pas pour ma part son aspect final trop "fabriqué". À chacun d'apprécier...

Solenn fut assez "détachée", un peu ailleurs et sans émotivité particulière, laissant aux mots seuls le soin et le loisir de montrer (ou pas) leur mesure. Enregistrant à sa suite, j'ai choisi – en regard amoureux du contraste – un registre plus forcé, outrancièrement théâtral, frisant le grotesque (au sens propre)... car on est bien ici dans une comédie de masques ! où mon emploi (naturel) est plutôt celui du barbon – souvent ridicule, mais aussi touchant. À contre-pied des précédents, Liza s'exprima avec un naturel très doux et plein de fraîcheur, étant dans l'ambiance mais sans en faire trop, avec la simplicité et malice des fausses ingénues. Erwan ferma le bal en variant les registres avec tout son talent de comédien (le seul à l'être du groupe), gardant toujours l'équilibre d'une subtile expressivité des nuances.

Pour l'illustration sonore, j'ai hésité entre diverses ambiances, pour finalement en mixer 4 très différentes (en correspondance aux interprétations) : un tourbillon d'eau, grave (son ralenti) ; un brouhaha hétéroclite (de café), montant progressivement jusqu'à couvrir la parole intelligible, dans une sorte de vacillement hypnotique soutenu par la rythmique assez lente et minimaliste d'une batterie jazz et la suave mélopée de flûte indienne (d'Amérique du Nord), sachant aussi monter en présence (aussi discrète que nécessaire) puis s'effacer... sans se départir d'une énigmatique élégance.

C'est en novembre 2013 que j'ai réalisé la mise en vidéo. Ayant inséré une ambiance de café, j'ai naturellement pensé à cette superbe séquence du film d'Agnès Varda : Cléo de 5 à 7 (1962). Il s'est d'ailleurs trouvé que, par l'intermédiaire d'une amie d'amie, la prestigieuse réalisatrice a vu ma séquence ! mais je n'ai pas su sa réaction...



 

Texte complet :

 

 

 

 

 

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