C'est en voyant une poupée soldat que j'ai eu l'idée d'en faire un Christ au chemin de croix. À cette époque, j'étais dans un état d'esprit moqueur vis-à-vis du sport et de la religion (qui s'associent bien), chose assez naturelle, compréhensible et respectable. Les anti-religion ont pour longtemps un large crédit d'expression, en regard des incomparables violences perpétuées, hier et aujourd'hui, pas les pseudo-religieux ; quant au monde du sport (sportifs, supporteurs, journalistes, équipementiers, etc.), contrairement à la doctrine trop largement répandue, je crois qu'il véhicule beaucoup plus de valeurs détestables que positives. Certes, je n'ai pas fait ici une œuvre militante ! mais juste un pied de nez que j'assume totalement aujourd'hui que je suis croyant (permanent) et pratiquant (occasionnel).

Je n'ai pas vraiment soigné l'assemblage : un socle en polystyrène, un bout de chiffon pour le pagne et un vieux té pour faire la croix - gribouillé au stylo pour accentuer l'effet "bois" (!). L'œuvre eut beaucoup de succès, amusant tout le monde, y compris ceux que le titre choquait un peu (c'est meilleur). En fait, c'est là (dans le titre) que réside l'essentiel de l'intention artistique, ce qui en fait une œuvre "conceptuelle concrète" (avec support concret), principe que je vais exploiter souvent depuis.

Toujours motivé pour revisiter l'iconographie religieuse, j'ai donc modelé Adam et Ève avec de la pâte (à modeler), les personnalisant avec un crâne de lapin et une vertèbre humaine (je ne me souviens plus comment je les avais), complétant la scène avec une pomme desséchée et un fond de liège pour symboliser l'Arbre de Vie (qui les enferme).

Je fis encore une autre boîte d'inspiration religieuse (dont je n'ai pas de trace) : il s'agissait d'un coffret en bois peint en rouge (environ L50 x l40 x H30) avec à l'intérieur une représentation (avec des figurines) d'une crèche de Noël, la sainte Famille étant attaquée par un groupe de soldats (modernes). On ne pouvait voir la scène que par une petite ouverture (une lampe éclairait l'intérieur) et il était obligatoire de mettre un faux nez pour regarder.