dans les Règles de l'Art

1992/93 - 20??

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(Simulation infographique)

 

Thème

Après Amfortas, lequel tenait autant de la spiritualité que de l'art théâtral, j'ai un peu plus dérivé vers le spectaculaire littéraire. J'ai toujours beaucoup aimé Shakespeare – étant de ceux qui le considèrent comme le plus grand auteur dramatique de tous les temps – et "Hamlet" est sans doute sa pièce la plus fameuse. Je n'ai pourtant pas voulu prendre la scène de : « To be or not to be », car elle était bien moins parlante, visuellement, Hamlet étant juste debout avec un livre ouvert en main.

Néanmoins, avec cette scène du cimetière (acte V, scène 1), où les fossoyeurs lui font voir le crâne de Yorick – le fou du roi, son défunt père, qui l'amusait tant, enfant – on reste dans la même thématique avec la mort charnelle en toile (sombre) de fond. Même si ce n'est pas précisé dans la pièce, rien n'empêche d'imaginer que cela puisse se passer un Vendredi Saint… C'est en tout cas, évidemment, une Vanité, un Memento mori, notamment abordé en peinture par Frans Hals ou Eugène Delacroix.

Cette aventure picturale commença et se déroula comme les autres, jusqu'au report du dessin final sur le panneau déjà enduit du fond brun très sombre (mais pas noir !). Malheureusement, je n'ai pas été plus loin… D'une part, je n'étais pas sûr d'avoir la technique nécessaire pour réaliser le tableau très léché que j'avais en tête (dont l'image mentale me suffit, d'une certaine manière), n'ayant pas de modèle pour le costume et voulant le peindre à l'huile (matière que j'ai très peu pratiquée) et non plus à l'œuf, comme les autres, pour une plus grande luminosité des couleurs.

J'ai donc préféré en rester sur un beau dessin plutôt que de risquer de tout gâcher avec une peinture médiocre. D'autre part, je me sentais moins motivé puisque ne voyant pas beaucoup de progression artistique possible par rapport au précédent, comme si j'avais atteint un plafond de mes capacités. Je pense en tout cas avoir eu raison de ne pas me forcer et d'attendre de me sentir prêt, à même d'être à la hauteur de cette ambition. Celle-ci a du reste évolué, compte tenu de la mise en perspective avec les projets suivants, car j'ai continué à penser à cette série et à imaginer d'autres tableaux. Je garde l'envie de les peindre tous ! et pense vraiment que cela pourra se faire… en son temps.

Texte

Il n'y avait pas à chercher la phrase, le texte de Shakespeare s'imposant de lui-même. Comme cette série explore des modes d'expressions plus ou moins hermétiques, j'ai voulu restaurer celle d'Hamlet en version originale. J'ai donc fait traduire le texte anglais en danois (que je ferai figurer ici dès que je l'aurai retrouvé), puis l'ai transcrit en écriture runique :

Where be your gibos now? your gambles? your songs?

Not one now to mock your own grinning?

Où sont tes railleries ? tes jeux ? tes chansons ?

Plus une seule à présent pour moquer ta propre grimace ?

 

Essai d'écriture dans une graphie anglo-saxonne ancienne et runique :

 

Étude de Composition

1992 - crayon sur papier recyclé (gris) - A3

Je n'ai pas cherché à innover pour la représentation, voulant juste une attitude élégante. Hamlet est simplement assis, dans ses pensées, sur une tombe ou une stèle qu'on ne verra pas, prenant conscience de la mort par le biais du crâne qu'il touche du bout du pied.

 

 

Croquis d'après Modèle

1992 - crayon Conté sur papier journal - 30 × 46

Erwan Badin, un ami voisin (qui devint comédien), avait un physique et un âge en correspondance parfaite au rôle. Il se prêta volontiers aux séances de poses, et je l'en remercie, d'autant qu'elles étaient plus difficiles qu'il n'y parait, en raison de la position des jambes. Était-ce prémonitoire ? il a par la suite développé un talent certain dans le théâtre ! dont il a fait son métier. J'ai aussi fait appel à lui pour des enregistrements poétiques – Sales Mots Dits, travail en cours – et comptais aussi l'employer comme modèle pour le don Quichotte prévu dans cette même série, ainsi qu'un Christ en croix, mais il est malheureusement décédé (en 2014).

 

 

 

Dessins d'après Photos

1993 - crayon sur papier chiffon - 30 × 30

Comme je voulais un rendu très réaliste, j'ai préféré m'appuyer sur la commodité de photos et fis deux dessins d'après deux entre lesquelles j'hésitai. Le premier fut rapidement exécuté, tandis que je passai 3 jours à faire le second, avec soin. J'en fis un compte-rendu dans un récit : "Brise-Larmes", qu'on trouvera dans le recueil MEMO.

 

 

 

 

 

 


 

Dessin final

Pour gagner du temps, je fis faire une agrandissement en photocopie du dernier dessin à l'échelle du tableau. Dessus, je posai un calque sur lequel j'ai dessiné Hamlet en costume. Je me suis ensuite servi du calque pour reporter le tracé sur le tableau. Il ne restait plus qu'à le peindre ! mais depuis (1993), le tableau en est resté à ce stade… Pour autant, l'aventure n'est pas terminée ! et je compte bien la mener à son terme, un de ces jours.

 

(Clic sur image pour agrandissement)

 

Peinture

(Simulation infographique de mise en couleurs prévues)

Signature au dos

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