C'est à l'orée de l'âge adulte que j'ai découvert Zone – chef-d'œuvre de Guillaume Apollinaire – qui fut l'un des tous premiers poèmes à faire vibrer mon âme d'une énergisante modernité (au même titre que Contre ! d'Henri Michaux, ou la Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars). |
En 1993, sans but particulier, j'avais fait une série d'autoportraits photographiques (argentique, noir et blanc), en modifiant à loisir mes attitudes et apparences, pensant en utiliser pour quelque chose, mais sans du tout savoir quoi. En voyant les tirages, j'eus spontanément l'idée d'y accoler des vers de Zone. J'ai maintes fois pratiqué l'association image et texte, et ça m'est donc tout naturel, mais le choix de Zone s'est imposé en raison du postulat d'Apollinaire qui considérait que chaque vers se devait d'être à même de fonctionner seul, puisqu'étant un poème en soi, voire contenant le poème entier et pouvait donc en être détaché sans dommages. |
J'ai alors sélectionné 12 photos, puis 12 vers, pouvant leur correspondre (à mon idée). À noter que les vers sont en désordre par rapport au poème. Je fis des tirages – de qualité très médiocre, en photocopie sur papier ordinaire, au format A4 – et les coloriai avec des crayons de couleurs. Pour le titre, après un premier essai avec une seule photo de moi, j'ai jugé qu'il serait plus opportun de faire figurer Guillaume Apollinaire ; je fis donc un montage de portraits du maître, sur fond de manuscrits. J'ai ensuite ajouté le texte (imprimé) et je fis des photocopies couleurs du tout, en divers formats. Je réalisai un panneau où j'avais collé sur bois des tirages (A5) et un plus petit en carton, triptyque avec les deux pans latéraux ouvrants et fermants. J'ai fait également quelques tirages seuls pour les offrir sans conditionnement quelconque. |
Il ne s'agit donc nullement ici d'autoportraits, genre : Petrus dans tous ces états ! mais de portraits du poème d'Apollinaire, par Petrus. Comme souvent dans mon travail, le sujet, l'intention, l'emporte radicalement sur la forme ; laquelle, par essence, est toujours plus ou moins anecdotique. |
Version 1993
Photocopies noir & blanc A4 et crayons de couleurs
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Version 1996
Trois ans plus tard, j'eus envie de reprendre ce travail et de l'améliorer, grâce aux logiciels graphiques de retouche d'images. J'ai scanné les photos et ai pu retravailler de nouvelles mises en couleur plus riches et propres que précédemment, ajoutant aussi quelques effets impossibles à réaliser à la main. Comme fond au texte complet, j'ai utilisé 4 autoportraits (photo) datant de 1991, à mon dernier domicile parisien. |
Mon idée était d'en faire (ou faire faire) des tirages (limités) de formats très différents, de petit à très grands. J'en ai fait quelques petits, peu, mais je ne sais plus combien ; aussi en format carte postale. Il me plairait assez de les voir en grands formats. |
Images infographiques en 256 couleurs - 640 × 480 pixels.
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Tirage au format 13 × 18 cm dans mon (ancien) bureau.
Version 2025
Tirage 60 × 57 cm
Commande possible
Presque 30 ans plus tard, j'ai pensé faire un grand tirage. J'ai supprimé les 4 images avec le poème en entier, modifié l'ordonnancement et la typo des vers, pour la remplacer par des copies du texte de l'édition originale de 1913 – avec parfois plus d'éroitesse des caractères pour avoir le vers sur une seule ligne. Enfin, j'ai changé le vers de la deuxième image. |
Poème complet :
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