Avis à la Population !

3 / Stars & Strifes

(Étoiles & Contestations)

4 variations / 25 octobre 2009 - 13 septembre 2014 / photo : Wikipedia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le titre est un jeu de mots sur l'expression américaine : « Stars & Stripes / des étoiles et des bandes », désignant le drapeau des USA. L'image est celle du patch que portait Peter Fonda dans « Easy Rider ».

L'emploi de la langue anglaise (dans sa forme américaine) se généralise en Europe, sans pour autant enrichir le langage, mais au contraire l'appauvrissant en le réduisant à des pseudo-concepts issus d'une pensée très simpliste, sans envergure et d’une expressivité réduite à des lieux (tellement) communs.

La chose a tendance à m'exaspérer, non pas par xénophobie ! car j'aime employer des tournures de diverses langues – y compris l'anglaise (brittish), le titre de cette série fut d'ailleurs pendant longtemps "Advice" – mais par son emploi si souvent injustifié, sauf par un snobisme non plus élitiste mais vulgaire.

C'est souvent d'autant plus ridicule que nombre de mots anglais sont juste du français à la prononciation modifiée. Un exemple frappant étant le verbe : flirter, venant de l'anglais : to flirt, venant du français (oublié) : fleureter, à savoir : conter fleurette...

On retrouve encore le phénomène dans les titres de films ou les chansons. Pour ces dernières, les chansons dites "à texte" (à savoir avec un contenu), ça n'existe à peu près pas en anglais, les paroles étant quasiment toujours ineptes ; tandis qu'il y en a beaucoup (au moins) en français. Comme c’est presque toujours le cas (chez ceux ayant recours à ce pauvre procédé), je crois que c’est surtout employé pour masquer des textes dont on sent bien qu’ils sont faibles.

On est en plein dans le syndrome du sabir dont Molière raillait déjà la fatuité dans « le Bourgeois gentilhomme », censé dire beaucoup en peu de mots (typique de l'anglais, ayant en outre beaucoup de mots de peu de lettres). Quant à l’argument (qu’on entend souvent) de vouloir être "international", il est stupide, commercialement, car, à l’international, on aime vraiment entendre la sonorité du français, y compris en musique. Beaucoup (et particulièrement les anglo-saxons) trouvent ça même carrément très sexy !

Certains médias s'en donnent à cœur joie pour divulguer et diffuser la "bonne parole" dans de stupides versions traduites d'américanismes. Ainsi, l'on entend souvent désormais des : Oh mon Dieu ! (pour : Oh my God!), oups ! (pour : houp, houp-là !) – et sans doute bientôt : ouch! (prononcer, en une syllabe : aoutch) pour : aïe ! Le pire étant certainement ce faux-ami qu'on entend lorsque telle personne, suite à un événement dramatique, est dite : dévastée... Pour info, le verbe anglais to devaste veut dire (en parlant d'une personne) : terrasser, foudroyer ; le verbe français ne s'appliquant jamais aux personnes mais uniquement à des lieux géographiques (une ville, la campagne, etc.).

Il y en a bien d'autres, mais je suis trop exhausté pour continuer... Note que ce dernier terme est un anglicisme valable (à mes yeux et oreilles), puisque exhausted (épuisé) vient directement du verbe latin : exhaustire (épuiser) sans que le français ne l'ait retenu, peut-être pour ne pas le confondre avec :exhausser ; lequel ne doit pas être confondu avec : exaucer...

Somme toute, assez peu de gens comprennent bien l'anglais ; il est donc commode et facile à beaucoup de faire semblant d'exprimer quelque chose (d'exprimer un semblant de quelque chose) dans une tournure ne valant pas plus que du "yaourt" (tourné). C'est le refuge idéal des sans-talent... et c'est en pensant à ces cuistres que j'ai spécialement composé la dernière formule (évidemment incorrecte), laquelle me réjouit fort.

Quand on croit avoir quelque chose à dire, il vaut mieux que cela ait du sens.