dans les Règles de l'Art

1986 - 1987 / 1999

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Ce tableau n'existe plus dans cet état (de 1987), ayant été modifié en 1999.

Thème

L'aventure de la Pietà m'apporta bien des satisfactions mais aussi un certain nombre de désillusions, principalement liées à mon manque de maîtrise de la technique. On sait bien qu'en peinture chaque tableau hisse le suivant à un plus haut niveau et c'est pour cela que j'avais grande hâte à en entreprendre un autre dans cette nouvelle manière (pour moi).

Il était logique d'aller voir du côté des mythes antéchrétiens, l'univers antique ayant toujours été une inépuisable source d'inspiration pour les penseurs, probablement parce que sa mythologie sut magnifiquement synthétiser les grandes interrogations humaines sous des formes universellement compréhensibles (et belles !).

Le monde grec s'imposa à moi parce qu'il est le père de la culture occidentale – sa mère étant la religion chrétienne, ce qui m'incite à dire qu'il serait plus juste de parler de culture gréco-chrétienne. Le christianisme porte en lui-même sa part (importante) de judaïsme, dont il est une branche… hellénisée ! étant, en quelque sorte, un enfant que la mystique juive a fait à la philosophie grecque.

Alors qui choisir parmi la multitude d'histoires et d'aventures impressionnantes ? Après avoir hésité entre Icare ou le Minotaure (deux thèmes que j'aimerais beaucoup aborder un jour), j'ai finalement retenu Médée pour sa continuité avec le précédent tableau dont celui-ci partage la mère et l'enfant mort – à cette notable différence que cette femme donna la vie et la mort à ses enfants. Pour info (très simplifiée), Médée est une magicienne qui trahira son pays et sa famille pour l'amour de Jason venu s'emparer d'un trésor (la Toison d'or) et s'enfuira avec lui. Elle aura de lui deux enfants mais son amant préférera épouser une fille de roi. Pour se venger, Médée tuera (entre autres) leurs deux enfants. Voir toute sa sanglante histoire ici.

 

Texte

 

[ Oïd oukète eïsi touto gar sé dexétaï ]

Ceux-là ne seront plus, là sera ton tourment.

J'ai tiré cette citation de la pièce d'Euripide, Médée s'adressant à Jason en parlant de leurs enfants morts. Comme pour tous les tableaux de cette série, le texte est à la feuille d'or.

 

Composition

M'étant imprégné de la pièce d'Euripide et de l'opéra de Chérubini (par Maria Callas, laquelle interpréta aussi ce grand rôle dans le film de Pasolini), il est évident que je suis parti dans mes recherches avec une optique très théâtrale – trop, sans doute, pour l'univers pictural, sans tomber dans un certain côté pompier. Contrairement à ces études, j'ai supprimé tout décors dans la peinture pour concentrer l'action sur l'humain, sans la parasiter avec du superflu.

 

 

 

Pauses

L'allure orientale et hiératique d'une amie chère, Annie Zivkovic, la désigna comme modèle, rôle qu'elle accepta volontiers, s'acquittant dignement de cette tâche.

 

 

 

Les accessoires le sont, et je vais vite ôter toute représentation d'objets, la dramaturgie ne reposant pas sur la vue des armes ou du sang mais sur le ressenti du spectateur que j'essaye de concentrer sur les concepts véhiculés, via une certaine théâtralité (volontaire) non pas statique, mais figée, fixée, non pas dans l'instant, mais dans l'intemporel.

 

 

 

 

 

 

 

 

Peinture

Je n'ai pas fait de photos au cours du travail.

 

 

2ème version

12 ans après, en 1999, j'ai décidé de reprendre ce tableau qui ne me plaisait plus ainsi. Non sans une certaine appréhension, j'ai totalement décapé le vernis, ce qui se fit sans trop de grands dommages – pas si graves puisque j'allai repeindre dessus. J'ai effacé le garçon du dessus, trop grand en âge comme en taille et dans une pose pas très compréhensible. Je fis poser un ami, Catsap, pour reprendre, mais je ne pense pas conserver cette optique. Je repeignis Médée, puis arrêtai les frais, ne sachant plus bien, finalement quelle direction prendre. Je l'ai donc laissé dans un état très délabré, mais j'ose croire qu'il aura droit à une belle restauration, lorsque j'aurais fait le chemin nécessaire.

 

 

 

 

Signature

J'ai tout naturellement écrit le titre en grec : Medeia.

Lors de la reprise du tableau, en 1999, j'ai effacé cette signature.

 

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