L'expression : « T'as qu'à croire ! » est populaire là où j'habite, n'étant employée qu'en euphémisme pour dire : « dans tes rêves… » J'ai donc délibérément fait là un jeu de sens. Cela rejoint – selon ce que rapporte Luc – , l'apostrophe lancée au Christ en croix par des gens aussi différents que des dignitaires juifs, des soldats romains et le "mauvais" larron : « Sauve-toi toi-même ! » (Lc 23, 35-39) À noter que le malfaiteur ajouta : « et nous avec... » ce qui est une sorte d'acte de foi.

Je précise que je suis croyant (chrétien) et que, dans mon esprit, cela n'a rien de sacrilège ni blasphématoire – encore que je revendique le droit salutaire au blasphème ! D'une part, c'est un droit républicain de liberté d'expression – les religions ayant en outre un trop énorme passif pour avoir encore voix à ce chapitre ; d'autre part, l'art est une représentation, et non une action ; ensuite, c'est bien pour cela qu'Il est là, dans la position où les Hommes l'ont mis.

J'ajoute considérer bien plus blasphématoire de supposer qu'on puisse atteindre D.ieu par des railleries (qu'elles soient complices ou acerbes). Enfin, je crois en un D.ieu juif, et suppose donc qu'il a de l'humour...

J'ai quand même voulu mettre un contre-poids à la satire en ajoutant un fond plus dramatique : rouge sang ! encadré du bandeau noir du deuil.

L'animation peut aussi bien être perçue comme moqueuse… qu'édifiante ! et j'aime beaucoup cette ambiguïté – toujours féconde, en art – restant bien dans la ligne de l'œuvre objet. À chacun de reconstruire son histoire.

Musique : Grégorien, Lux æterna.