Art Régénéré / Erneuerte Kunst
depuis 2007
Cette série d'à ce jour 96 pièces a pour principe de toujours combiner quatre éléments : un cadre, un fond, un objet, une phrase. Le cadre – volontairement caricatural de la représentation d’une œuvre d’art –, symbolise le geste artistique qui modifie le regard porté sur toutes choses, même les plus dérisoires, se trouvant alors transcendées vers le sublime… ou le ridicule. Le fond (40 × 40 cm) peut s'accorder en complément direct à l'objet, ou au contraire introduire un contraste, un décalage. Il est toujours travaillé dans sa matière ou spécialement choisi pour son aspect. Chaque cadre faisait 44,5 × 44,5 cm, mais, à partir d'avril 2014, j'ai commencé à rajouter un grand fond supplémentaire de 60 × 60 cm, pour bien montrer que le cadre n'en est pas un, mais une partie constitutive de l'œuvre générale, et aussi pour donner plus d'amplitude en créant une zone tampon (simple) entre l'œuvre initiale et l'environnement, celle-ci étant en outre légèrement détachée du nouveau fond par des bouchons collés derrière. Les nouveaux fonds seront installés progressivement (mais toujours pour une vente). L’objet est montré tel que je l’ai trouvé (rarement modifié), me contentant de le présenter dans un certain contexte, plutôt proche de sa nature. La phrase, qu’elle soit poétique, humoristique, cynique ou autre, agit sur la chose comme une onction, à la fois en s’adressant à elle : je lui dis cette chose, et en lui donnant la parole : elle me dit quelque chose. Ce curieux mélange replace chaque élément dans une perspective nouvelle, dynamique, en lui-même et par rapport aux autres. Enfin, il ne s’agit nullement de Natures mortes ! Ici, presque rien n’est naturel, et presque tout est vivant. Chacun voit chaque œuvre avec ses seuls yeux et l’artiste n’est pas là pour apporter des réponses mais pour présenter de belles questions, à qui voudra l’entendre. Je me réserve la possibilité de réaliser plusieurs versions par numéro (3 maximum), chacune restant une œuvre unique, de ma main, avec toujours des différences. |
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à suivre...
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Septembre 2007, alors que je dessinais un grand portrait – au crayon dans un style réaliste, pour ne pas dire académique – j'éprouvai une sorte de gêne, comme un étouffement, non pas physique mais mental. J'aime le travail du rendu précis en dessin, c'est un exercice technique toujours enrichissant, mais j'ai vraiment senti là une irrépressible envie de modernité, un impérieux besoin de m'oxygéner l'imaginaire ! Quelques jours auparavant, j'avais pris un vieux miroir cassé pour y écrire (d'abord au marqueur, puis à la peintre laque rouge) : Il faut voir les choses en face. Cette œuvrette s'inscrivait dans la continuité d'une autre plus ancienne où j'avais peint une vieille boîte à lettres en plastique (que j'ai aussi utilisée pendant des années) et écrit dessus : adieu. J'eus alors dans l'idée de prendre des objets ordinaires (plutôt vieux décatis ou délaissés) et d'y associer un texte pour que l'ensemble soit évocateur émotionnellement. J'avais intitulé la série débutante : Objets poétiques. Le miroir était accroché dans mon atelier et j'ai donc songé à en faire quelque chose de plus développé. J'ai imaginé une série de tableaux de même format – le carré est une dimension récurente (et donc importante) dans mon Œuvre, car symbolique de l'œuvre humaine puisqu'il n'existe pas dans la Nature –, comportant un fond (en contre-plaqué ou carton fort) peint ou traité pour imiter divers supports ou types de murs, dans le genre anciens ou sales, usés ; il va sans dire que les photos donnent un rendu limité de ces effets. L'ambiance générale est assez glauque et sordide, ce qui n'empêche pas l'humour. Néanmoins, si je fais des jeux de mots, de sens, ce n'est pas souvent pour faire rire, mais plus pour créer un malaise – ce à quoi certains se défendent par le rire, ce qui est un peu gâché... Chacun réagit à sa manière, mais la mienne est en tous cas ici plus pathétique, en expression de multiples misères humaines. L'art cultive la diversité des émotions et sentiments ! bien souvent contre l'usage en vigueur, ne voulant mettre en valeur que ce qui apparaît comme positif – ce qui est une vision fasciste du monde (ou américaine, au choix). Le support fait 40 × 40, parce que j'avais coupé en deux un contre-plaqué de 40 × 80, réservé pour faire une nouvelle Vénus… Le cadre ouvragé doré (puis avec d'autres nuances) donne un contraste à la fois incongru et désuet ; il fut voulu dès la conception et n'est donc pas extérieur à l'œuvre mais en est une partie intégrante et indissociable. N'en trouvant pas de convenable en 40 × 40 et le façonnage sur mesure étant très cher, j'ai utilisé des cadres de séries en 40 × 50 et 30 × 40, coupant chacun en deux et les assemblant réciproquement ensuite. La jonction se voit plus ou moins, mais cela ajoute (à mon sens) à l'aspect déglingué. Néanmoins, lorsque je trouvai des cadres aux bonnes dimensions, j'ai cédé à la commodité... Beaucoup d'objets sont juste accrochés et donc mobiles ; cela leur donne une sorte de fragilité (précarité) qui augmente l'effet vivant ; arraché à la vie – la mienne ! car j'ai fait usage de nombre d'entre eux, ou les ayant "en stock" depuis longtemps, ou encore provenant de personnes proches. D'autres viennent de brocantes, et j'ai toujours une pensée pour les personnes qui en ont eu l'usage. J'aime bien l'idée que l'objet, ayant eu sa place dans une vie (qui compte !) et devenu depuis dérisoire, soit sublimé dans la prière d'une œuvre d'art. C'est une métaphore philosophique sur l'ordinaire de chacun qui l'est moins qu'on ne le croit, car il contient des trésors qu'on regarde sans les voir. L'art les met plus en évidence, mais il nous suffit de savoir qu'ils sont là, et pas pour rien. La série s'est d'abord appelée : Compliments d'Objets Directs, mais c'était un peu compliqué et pas très poétique. Des Choses à Dire est mieux dit et plus juste. Pour autant, comme je l'ai dit, cette série n'a pas été conçue comme une série mais est née de la première œuvre dont j'ai rapidement perçu le potentiel à décliner le principe. Sans y avoir pensé au préalable (et donc sans avoir été véritablement influencé), je m'inscris volontiers dans la continuité d'artistes que j'aime comme Marcel Duchamp (inventeur en 1913 du ready made, qui déclara : «Prenez n'importe quel objet : 40 ans plus tard, il deviendra beau...») ou encore René Magritte ; en précisant que j'ai depuis toujours beaucoup utilisé l'association image et texte – comme on peut le voir (à peu près) partout sur ce site. J'essaye de pousser la réflexion sur le geste artistique qui fait toute la différence dans la présentation d'objets tels qu'ils sont (rarement modifiés) mais dans un cadre artistique, symbolisé (au travers de l'imagerie populaire de l'œuvre d'art) par l'encadrement doré ouvragé (mais aussi brisé). Le cadre et le format servent de contexte, de scène, à la représentation/confrontation des autres éléments (quasi hypostatiques !) de chaque œuvre : le fond (qui n'est pas un décors), l'objet et la phrase (dans cet ordre croissant d'importance). C'est l'interaction entre eux qui créé une dynamique et l'on peut imaginer un jeu surréaliste en les mélangeant dans une nouvelle redistribution qui dirait d'autres choses… |