solennelle pour la cathédrale métropolitaine de Bretagne

Saint Samson de Dol

Opus VIII

1999 - 2002

 

La cathédrale métropolitaine de Bretagne Saint Samson à Dol (dont je souhaite ardemment que l'archevêque retrouve son pallium, injustement confisqué) est en quelque sorte mon foyer religieux : j'y fus baptisé (le jour de ma première fête) et, durant mon enfance (jusqu'à 11 ans), y ai servi la messe et chanté à la chorale.

La formation comprend 12 choristes : 4 enfants (2 filles sopranos et 2 garçons altos), 4 femmes  (2 sopranos et 2 mezzos) et 4 hommes (1 contre-ténor, 1 baryton et 2 basses). 12 instrumentistes : 1 bombarde, 1 biniou koz, 1 cor, 1 trombone, 1 percussionniste, 1 violon, 2 altos, 2 violoncelles, 1 contrebasse et 1 orgue. 12 morceaux, plus 1 : Psaume - Ar en deulin, dont ni l'air ni le texte ne sont de ma composition (voir commentaires plus bas).

Concernant l'écoute sur ce site, ni l'ordinateur ni le synthétiseur n'étant capable de chanter, les voix ont été remplacées par des bois (flûte, hautbois, clarinette et basson).

 

Cliquer sur les numéros pour écouter les morceaux

Les voix sont remplacées par des bois (flûte, hautbois, clarinette, basson)

Ordre de composition
Titre
(dans l'ordre de la messe)
Durée
Date
Voir Partition
-Introït
1’ 24"
1999
-Kyrie
3' 07"
1999
-Gloria
3' 12"
2002
-Psaume : Ar en deulin
3' 23"
2001
-Alleluia
1' 42"
2001
-Credo
3' 27"
2002
-Prière universelle
2' 56"
2001
-Sanctus - Benedictus
2' 51"
1999
-Anamnèse
1' 53"
2001
-Pater
2' 32"
2000
-Agnus Dei
1' 58"
1999
-Communio
7' 21"
2000
-Chant final : Pèlerin
3' 27"
1992

 

Les textes chantés de cette messe sont en breton (vannetais), français et latin – partiellement grec ou hébreu.

Je les reproduis tous ici avec une traduction française qui pourra parfois déconcerter car je l'ai voulue proche des tournures du texte original, pour faire plus sentir ce que ça dit par rapport à ce que ça veut dire.

Faut-il le préciser (?), mais l'œuvre ici présentée est une messe (!), à savoir de la musique et des chants participant d'un office religieux. Ce que je veux dire par là, c'est que ce n'est pas un genre de musique comme cela a pu être le cas pour certains de mes illustres prédécesseurs compositeurs , mais avant tout une manière de libre exercice de la foi (la mienne, en l'occurence). Cela n'a donc aucun sens en dehors du contexte, et il serait aberrant d'en imaginer une interprétation de concert, chose que je proscris ad perpetuum ! Il est en revanche tout à fait envisageable d'en faire des enregistrements sur disque pour une écoute privée. De même, lors d'une célébration religieuse (pas exclusivement catholique), je laisse toute liberté d'en jouer ce que l'on voudra et pourra, avec la formation dont on disposera (permettant donc des arrangements musicaux ad hoc).

 

Introït / Salud d’er bobl
J'ai repris le texte breton traditionnel d'accueil, où l'officiant dit les trois premières lignes, les fidèles répondant la dernière. Dans la forme ici chantée (voir partition), j'ai opté pour une tournure Kan ha Diskan (chant et contre-chant) typique des airs à danser, puisque la musique associée est tout à fait joyeuse, voire festive ! pour que soient "bienvenus les invités au repas du Seigneur".
Version chantée / breton
Traduction française
Revo genoh grès hon Salvér, (bis)
ha karanté en Aotrou Doué, (bis)
Joé er Spered Santel. (bis)
Revo genoh eué !
(le tout est répété)
Que soit avec vous la grâce du Sauveur,
et l'amour du Seigneur D.ieu,
la joie de l'Esprit Saint.
Que soit avec vous aussi !
-

.

Kyrie
Nombre des chants de cette messe s'articulent autour du chiffre 3, symbole de la Sainte Trinité. C'est le cas pour le Kyrie bien que, depuis Paul, le titre Kurios/Seigneur désigne plus particulièrement Jésus Christ. C'est une prière à laquelle je suis particulièrement sensible. Elle date du IIIéme siècle et fut introduite dans la liturgie au IVéme. La traduction habituelle de la formule grecque Kyrie eleison est : Seigneur, prends pitié, mais j'ai préféré faire chanter : Seigneur aie pitié, car il y a dans cette expression une imploration plus forte, à mon sens, proche de l'exhortation il y a urgence et danger ! tandis que Seigneur, prends pitié me semble plus condescendant, voire courtisan. "Prendre" est en outre un verbe d'action et la propriété de D.ieu n'est pas d'agir mais d'être ! En implorant tragiquement D.ieu d'avoir (en lui) la pitié, on étale au grand jour notre nuit de doute propre à toute humanité , faisant en cela un acte de foi (faux paradoxe). Bien entendu, je joue également sur l'homophonie (en français) de aie et est (avoir et être), pour que l'auditeur sous-entende (sur-entende !) la résolution du mystère où l'on ne demande pas à D.ieu d'être en état de pitié voire de l'acquérir (prends), qui est non moins qu'un blasphème ! , mais où l'on se rend compte que la pitié est un état immanent de D.ieu : Seigneur est pitié, Christ est pitié, Seigneur est pitié.
Version chantée / français, grec, breton
Traduction française
Seigneur Seigneur Seigneur aie pitié
Seigneur aie pitié (neuf fois)
Kyrie Kyrie Kyrie
Kyrie eleison (ter)
Christe eleison (une seule et forte fois)
Aotrou Doué ho-pet trué
Aotrou Krist ho-pet trué
Aotrou Doué ho-pet trué
Seigneur Seigneur Seigneur aie pitié
Seigneur Seigneur Seigneur aie pitié
Seigneur aie pitié
Seigneur Seigneur Seigneur
Seigneur aie pitié
Christ aie pitié
Seigneur D.ieu ayez pitié
Seigneur Christ ayez pitié
Seigneur D.ieu ayez pitié
Seigneur Seigneur Seigneur aie pitié

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Gloria / Gloér de Zoué

Le Gloria fut épisodiquement chanté à la messe dès le deuxième siècle, mais ne le fut systématiquement qu'au XIIème ; à l'exception des périodes de l'Avent et du Carême (avant Noël et Pâques), et des offices des morts. C'est à l'origine une hymne en grec qui fut maintes fois remaniée. Le texte actuel (officiel) en français est le suivant :

« Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'Il aime. Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. Seigneur, Fils unique, Jésus Christ, Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père. Toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous. Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. Toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous. Car Toi seul es saint, Toi seul es Seigneur, Toi seul es le Très-Haut, Jésus Christ, avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Amen. »

Ce Gloria commence sur un air à danser (kas a-barh), et j'aimerais qu'il y ait des couples en divers costumes bretons traditionnels remontant la travée centrale en dansant. Les femmes (du chœur) chantent 3 fois (en breton) : Gloér gloér gloér de Zoué ; alors les enfants s'ajoutent (en français) : Gloire à D.ieu (tandis que les femmes continuent en breton), toujours trois fois ; 2 hommes (haute-contre et baryton) s'ajoutent à tous en chantant (en latin) : Tu solus (trois fois) et les 2 hommes basses complètent (toujours en latin) avec : Sanctus Dominus (neuf fois).

Tu remarqueras que "mon" Gloria est très largement épuré. J'ai choisi de ne retenir que ce qui me semble essentiel : la pleine et simple glorification de D.ieu, d'abord ; puis l'affirmation de Son intangible et exclusive unicité, sainteté et dominance. La seule évocation de : Tu solus, sans rien de plus, suffit à me faire un effet puissant !

Version chantée / breton, latin, français
Traduction française
Gloér gloér gloér de Zoué
Gloire à D.ieu
Tu solus
Sanctus Dominus
Gloire gloire gloire à D.ieu
Gloire à D.ieu
Toi seul
Saint Seigneur

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Psaume (Graduel) / Salm
-

Ar en deulin / à genoux, est un recueil de poèmes écrits au début du XXème siècle par le poète d'expression bretonne Bleimor (loup de mer) Jean-Pierre Calloc'h pour l'état civil. Originaire d'une famille de pêcheurs de l'île de Groix (non loin de là où j'habite) il fut empêché de devenir prêtre pour raison médicale. Engagé en 1914, il fut nommé sous-lieutenant. À Pâques 1917, il écrivait à un ami (en breton) : « La semaine la plus dure que j'ai passée à la guerre est cette semaine sainte. Ni maison, ni toit, sous un temps si rude. Au cours de soixante heures, j'ai dormi une heure, et encore nous avons été réveillé par le froid, toute l'armée couverte de neige. Nous sommes fatigués à en mourir. Quand finira cette vie ? » Pour lui, ce fut deux jours plus tard ; criblé d'éclats d'obus. Il avait 28 ans.

Étant donné que j'ai voulu cette messe comme une liturgie bretonne, il m'a semblé plus efficient de m'appuyer sur ce grand chrétien de granit, plutôt que de remuer les sables du roi David qui n'en demeure pas moins grand ! J'ai donc choisi le poème de préface de son livre, l'ayant trouvé tout à fait approprié. Il se trouve qu'il fut écrit sur/pour un air traditionnel gallois : Ar hyd y nos, que j'ai évidemment repris. Ayant des difficultés d'orchestration, je fis appel à l'ami Tristan Pichard qui m'aida grandement.

Ce même texte (avec un autre) fait l'objet d'une animation informatique (inachevée) de ma série 1913, année poétique en Europe. J'envisage aussi d'enregistrer une interprétation de certains de ses textes.

Version chantée / breton
Traduction française (de Bleimor)
-Pe zereu en héol de seùel,
----Ar en deulin !
-Braset leùiné um dorel
----Ar en deulin !
-Dirag er gouleu deit aré,
-Nag ur blijadur dispar é
-Pédein é doustér er beuré
----Ar en deulin !
-
-Kloh en Angelus e soñna :
----Ar en deulin !
-Er bèleg e overenna :
----Ar en deulin !
-Peb unan é vont d'é labour,
-Gounideg, moraer, micherour,
-Oll er Grouéans, veul hé Hrouéour,
----Ar en deulin !
-
-Er barh, é beuré e vuhé,
----Ar en deulin !
-Hen dès vennet stouiein eùé
----Ar en deulin !
-O Jézus, cheleuet dohton,
-Digoret frank dor Hou Kalon
-De béden er barh breton
----Ar en deulin !
-Quand le soleil commence à se lever,
----À genoux !
-Quelle grande joie de se jeter
----À genoux !
-Devant la lumière revenue
-Quelle allégresse incomparable c'est
-De prier dans la douceur du matin
----À genoux !
-
-La cloche de l'Angélus sonne :
----À genoux !
-Le prêtre dit la messe :
----À genoux !
-Chacun en se rendant à son travail,
-Journalier, matelot, ouvrier,
-Toute la Création loue son Créateur
----À genoux !
-
-Le poète au matin de sa vie,
----À genoux !
-A voulu se prosterner aussi
----À genoux !
-Ô Jésus, écoutez-le,
-Ouvrez large la porte de Votre Cœur
-À la pauvre prière du barde breton
----À genoux !

Alleluia
-
L'Alléluia est une acclamation précédant la lecture de l'Évangile (sauf pendant le Carême). C'est une expression reprise des Psaumes signifiant en hébreu : Louez D.ieu (halelou-yah). Elle s'accompagne souvent d'un verset ou d'une prière courte. J'ai choisi celle-ci pour sa simplicité et me souvenant de l'avoir chantée.
Version chantée / breton, hébreu
Traduction française
-Meuleudi deoh Aotrou Krist
-Meuleudi deoh Salvér er bed
-Meuleudi deoh Aotrou Krist
-Alleluia (neuf fois)
(le tout est répété)
-Louange à Toi Seigneur Christ
-Louange à Toi Sauveur du monde
-Louange à Toi Seigneur Christ
-Louez D.ieu
-

Credo
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Le Credo (je crois, en latin), fut peu à peu intégré à la liturgie de la messe entre les Vème et XIème siècles, pour parer aux diverses hérésies florissant çà et là. Son texte officiel fut établit au IVème siècle, lors de conciles :

« Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible. Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin. Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; Il procède du Père et du Fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; Il a parlé par les prophètes. Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. »

Ce ne fut pas pour moi une mince affaire, et c'est probablement pour cela que j'ai tardé à l'affronter, ne le composant qu'en avant dernier. Il s'agit en effet de la proclamation solennelle de ce à quoi l'on croit. C'est affaire de dogme et les chrétiens se sont souvent écharpés sur le sujet… Moi, ce n'est pas au travers de dogmes que j'entends vivre ma foi. Pour l'anecdote, lorsqu'il m'arrive de le réciter à la messe, j'omets toujours ostensiblement : Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés, car c'est le point qui me hérisse le plus ! Non, je ne crois pas qu'il faille exclusivement être encarté à tel ou tel parti pour espérer le Salut. La Rédemption est universelle, point. Cet exemple montre bien que le dogme prétend établir une vérité absolue sur des bases présupposées, ce qui est un non-sens. Bien sûr, il y a certaines limites que le croyant est obligé de franchir, n'ayant pas souvent de démonstrations tangibles aux assertions auxquelles il croit, mais cela doit être manipulé avec d'infinies précautions ! C'est pourquoi j'ai souhaité recentrer "mon" Credo sur ce qui me semblait fondamental et rien de plus.

Il s'agit quand même d'un Credo trinitaire, et c'est pourquoi je commence par proclamer trois fois : Credo / je crois dans sa version latine pour montrer que je m'inscris dans une tradition ancienne, tandis que le reste du texte est en français pour que son importance soit comprise du plus grand nombre. Vient ensuite la proclamation de foi en un D.ieu unique (base de tous les monothéismes), qui sera répétée trois fois (une fois par strophe) : Je crois en un seul D.ieu.

Après cette partie commune aux trois parties, on aborde la spécificité de chacune des trois Entités, que j'ai souhaité condenser au maximum, à l'essentiel. Père de toute origine, signifie que l'appellation symbolique "Père" fait état d'un état antérieur à soi, à la vie, dont Il est à l'origine. Je ne me hasarde pas à faire des constructions mentales humaines sur la procédure… mais j'affirme que tout ce qui est l'est à partir de l'étincelle divine. Il est Celui qui est, reprend la définition de D.ieu par Lui-même, révélée à Moïse (Ex 3, 14) : « Je suis celui qui suis », selon la traduction courante (et forcément maladroite) de l’hébreu : èhiè ashèr èhiè, disant littéralement : « Je serai que Je serai », mais si la phrase est au futur, il faut savoir que la tournure "je suis" n'a pas vraiment d'équivalent en hébreu et donc il est "permis" d'employer le présent. Pour tenter d’en saisir (approcher) la concision, j’aurais donc tendance à l'interpréter : « Je suis ce qui est Je suis », à savoir : « Je suis l’être », c’est-à-dire : « Je suis le fait d’être », « Je suis l’Existence Elle-même ». Cela fonctionne aussi dans la version originale : « Je serai ce que Je serai » qui est une affirmation de l'éternité, l'existence étant une, indivisible et inaltérable : Je serai toujours ! qu'on peut développer : « Je serai toujours et vous serez toujours dans ce Je serai ». Ceci mérite de longues exégèses et ce n'est pas tant le rôle de ces commentaires (j'en parle ailleurs) qui précisent certaines choses mais ne les cernent pas ! À chacun d'approfondir.

Jésus Messie Sauveur est un résumé de la spécificité chrétienne. La personne historique de Jésus (le Nazôréen) est reconnue comme le Messie, à savoir celui qui a reçu une onction spéciale de D.ieu. Je me garde bien d'aborder la question de Sa nature : divine ? divine et humaine ? humaine ? que je trouve sans grande importance (considérant tout de même qu'Il a un caractère au minimum surhumain), l'essentiel étant de reconnaître qu'Il est Celui par lequel le Salut s'opère, ce qui est précisé avec : L'Hostie de Rédemption, le Rachat (redemptio) de toutes nos fautes s'opérant par le Sacrifice (hostia) physique : crucifixion, et mystique : eucharistie.

Il est malaisé de définir ce qu'est le Saint-Esprit, même si c'est l'Entité qui me semble la mieux perceptible, voire la plus "abordable". Saint souffle de lumière, reprend la métaphore du souffle qui me semble assez appropriée comme représentation, mais que je corrige en souffle de lumière pour l'en distancier du souffle humain - le mot "lumière" étant à l'origine du mot "dieu" dans la plupart des langues occidentales (racine indo-européenne : dei / briller) en faisant précéder le tout de l'épithète "Saint" pour renforcer le caractère d'appartenance au Sacré. Esprit de toute vie renoue avec la première affirmation de D.ieu comme origine de la Création, au plus haut rang de laquelle est la Vie, née d'une volonté (je ne dis pas d'un acte, car ce mot me semble trivial, trop réducteur). Là aussi, je ne souhaite pas détailler ce qu'est la Vie, ni surtout pas en établir de hiérarchie (genre : humains, animaux, végétaux). La Vie est une, dans son principe, et il nous reste du chemin pour en découvrir l'immensité.

Ceci n'est pas à considérer comme un "contre-Credo" ! J'ai juste voulu être consensuel en recentrant l'affirmation de la foi chrétienne sur l'essentiel. J'ose espérer que nombre de chrétiens (catholique et autres) puissent le dire en paix.

Version chantée / latin - français
-Credo, credo, credo.
-Je crois en un seul D.ieu :
-Père de toute origine,
-Il est Celui qui est.
-
-Credo, credo, credo.
-Je crois en un seul D.ieu :
-Jésus Messie Sauveur,
-L'Hostie de Rédemption.
-
-Credo, credo, credo.
-Je crois en un seul D.ieu :
-Saint souffle de lumière,
-Esprit de toute vie.

Prière Universelle / Pedenn er gristenion
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L'invocation est chantée une fois par le chœur, puis reprise par tous. Viennent ensuite les intentions de prières qui sont dites sur un fond musical qui est une reprise d'une ancienne composition, Nopçale, petite pièce à la manière moyenâgeuse. Et l'on reprend le cycle selon le nombre d'intentions. À la fin, on termine par la double invocation.
Version chantée / breton
Traduction française
-Aotrou Doué
-ô Tad Santel
-cheleuet ur pedenn
(le tout est répété)
-Seigneur D.ieu
-ô Père Saint
-écoute nos prières
-

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Sanctus Benedictus / Santél
-

Ce cantique est très ancien (c'est une prière commune au Judaïsme) et fut introduit dans la messe dès le IIéme siècle. J'ai choisi de reprendre d'abord la formulation traditionnelle latine (telle que je la chantais enfant), puis bretonne, puis française. À noter que le texte contient 2 mots en hébreu : Sabaoth (transcription latine de : tzevaot) signifiant : armées (sous-entendu : célestes), et : Hosanna, expression difficile à traduire qui est une exhortation à être sauvé et que j'ai rendu par : Ô sauve !

La première partie (Sanctus) est tirée du prophète Isaïe (Is 6, 3) où, lors d'une vision, il entend les anges séraphins s'exclamer : Saint, saint, saint est Yahvé Sabaoth, sa gloire emplit toute la terre. La deuxième partie (Benedictus) vient de l'acclamation des rameaux, lors de l'entrée de Jésus à Jérusalem (Mt 21:9) : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !

Musicalement, j'ai voulu une introduction dramatique qui est une montée émotionnelle vers le mot : Sanctus/Saint, pour lequel j'ai une inclination particulière (et même une dévotion). Du reste, j'ai annoté ce passage de la mention : pathétique (signifiant : avec une émotion profonde). Une fois la triple exhortation passée, l'atmosphère s'adoucit singulièrement, car, si l'on évoque alors le D.ieu des armées, il s'agit des armées des anges… d'où l'annotation sur partition : rayonnant. On bascule ensuite sur une phrase en breton, ce qui oriente la mélodie dans ce registre, qu'on gardera pour tout le reste.

Version chantée / latin, hébreu, breton, français
Traduction française
-Sanctus, Sanctus, Sanctus,
-Dominus Deus Sabaoth
-Lan é ged hou kloér en né hag en douar (bis)
-Hosanna in excelsis
-Hosanna é lein en né
-Hosanna au plus haut des cieux
-Benedictus qui venit in nomine Domini
-Béni soit celui qui vient au nom de Notre Seigneur
-Hosanna in excelsis
-Hosanna é lein en né
-Hosanna au plus haut des cieux
-Saint, Saint, Saint,
-Seigneur D.ieu des armées
-Le ciel et la terre sont remplis de Ta gloire
-Ô sauve ! au plus haut des cieux
-Ô sauve ! au plus haut des cieux
-Ô sauve ! au plus haut des cieux
-Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
-Béni soit celui qui vient au nom de Notre Seigneur
-Ô sauve ! au plus haut des cieux
-Ô sauve ! au plus haut des cieux
-Ô sauve ! au plus haut des cieux

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Anamnèse
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L'Anamnèse (du grec : anámnêsis / souvenir) est une acclamation en mémoire du Christ Son Sacrifice par la mort, Sa Résurrection et Sa Rédemption - qui a lieu juste après la transsubstantiation qui est la transformation par consécration de la substance du pain (et du vin) en celle du corps (mystique) et du sang de Jésus Christ.
Version chantée / breton
Traduction française
-Gloér d'oh (deoh) hui (répété en canon)
-hag e oé marù (bis)
-Gloér d'oh hui Jézuz
-Gloér d'oh hui hag e zo biù
-Gloér d'oh hui (répété en canon)
-Gloér d'oh hui deit a varù de viù
-biùet ennoh Jézuz
-Ha betag en devéhañ dé
-Gloér d'oh hui (répété en canon)
-Gloire à Vous
-et qui étiez mort
-Gloire à Vous Jésus
-Gloire à Vous, qui êtes vivant
-Gloire à Vous
-Gloire à Vous [qui] venez de la mort en vie (ressucité)
-Vivez en nous Jésus
-et aujourd'hui [comme] dans le dernier jour
-Gloire à Vous

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Pater / On Tad
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Le Notre Père est évidemment une partie primordiale de la liturgie (introduite au IVème siècle), puisqu'il s'agit de la prière que Jésus nous recommande (reprenant en partie la principale prière juive) ; elle est récitée par les chrétiens de toutes obédiences. Il en existe deux versions dans les Évangiles de Matthieu (6, 9-13) et Luc (11, 2-4) et de multiples par la suite, y compris dans une même langue ! et le breton n'échappe pas à cette (absence de) règle.

Version Matthieu : Notre Père qui es dans les cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mauvais.

Version Luc : Père, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous chaque jour notre pain quotidien, et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit, et ne nous soumets pas à la tentation.

Version catholique actuelle : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. On y ajoute souvent (toujours chez les Protestants) la doxologie finale (attestée dès le premier siècle) : Car c'est à Toi qu'appartiennent : le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles.

Version orthodoxe : Notre Père qui es aux cieux, que Ton Nom soit sanctifié, que Ton Règne arrive, que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain substantiel, et remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs, et ne nous soumets pas à l'épreuve, mais délivre nous du Malin.

Je n'ai pas vraiment fait un choix réfléchi pour la version bretonne retenue ; elle me semblait convenable. Aujourd'hui, je regrette un peu de n'avoir pas été plus regardant, car j'aurais sans doute changé ceci ou cela - ce qui n'est plus possible à moins de refaire la musique, ce dont je n'ai nulle envie - si j'écris une ou d'autres messes (ce qui est envisagé), il sera temps d'y repenser. Il faut dire que j'étais alors essentiellement préoccupé par la modification de la quatrième demande qui me tenait particulièrement à cœur. Bien entendu, mon but a été de restituer la version originale (supposée) par rapport à la version courante que je crois galvaudée. "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien", a été réadapté en : "donne-nous aujourd'hui notre pain pour demain." Il faut savoir que la polémique vient de la traduction du mot grec (langue d'écriture des Évangiles) : epiousios, dont c'est tout simplement la première occurrence connue. La version latine de Jérôme le rendit joliment par : supersubstantiel, ce qui indique déjà une dimension plus spirituelle que matérielle. J'ai toujours trouvé singulièrement trivial d'ainsi réclamer son quignon… Je ne vais pas ici rendre compte en détail du débat, tant étymologique que théologique, et dirai juste que la tradition araméenne (rapportée par Jérôme) emploie le mot : mahar / demain. C'est un peu court, mais j'incite chacun à se documenter, comme je le fis moi-même abondamment avant de me rallier à la version : "pour demain". Cela nous parle donc de l'envie de goûter dès que possible (selon notre temps matériel) à la seule vraie nourriture spirituelle promise à ceux qui en ont l'espérance dans l'au-delà. La différence est immense.

Version chantée / breton
Traduction française
-On Tad e zo én Néañv
-Ho Hanù re vo santeleit
-Ho rouanteleh digaset deom
-Ho volanté re vo groeit
-ar en douar él en Néañv.
-Reit deom hiziù on bara eid arhoah
-Pardonnet deom on péhedeu
-él ma pardonam d'er ré en-des péhed dohem
-Ha n'on laosket ket de gouéh én tentadur
-med goarantet ni doh en droug.
-Notre Père qui êtes aux Cieux
-Votre Nom qu'il soit sanctifié
-Votre règne qu'il arrive à nous
-Votre volonté qu'elle soit faite
-sur la terre comme aux Cieux.
-Donnez à nous aujourd'hui notre pain pour demain
-Pardonnez à nous nos offenses
-comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
-Et ne nous laissez pas tomber dans la tentation
-mais garantissez-nous du mal.

Agnus Dei / Oén Doué
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Intégré dans l'ordinaire de la messe au VIIème siècle, l'Agnus Dei est tiré de l'acclamation de Jean-Baptiste lors du baptême de Jésus (Jn 1, 29). Il fait référence au Christ comme vecteur du Salut. J'avais d'abord songé à le faire figurer dans sa forme latine (souvenir d'enfance), mais j'ai préféré opter pour le langage vernaculaire car je tenais à la bonne compréhension du texte.

J'ai rajouté au final la répétition de "la Paix" en breton, hébreu, grec et latin, puis de nouveau en français, en pensant bien entendu d'abord à la paix de l'âme ! (et de l'esprit), éprouvée individuellement, plus qu'à la paix sur Terre… qui est certes immensément désirable, mais relève plus d'une considération temporelle et factuelle. Ma perception de la religion n'est pas celle d'une philosophie équilibrant un modus vivendi entre les hommes, riches et pauvres, valides et malades, de spiritualités diverses, etc. Il s'agit avant tout d'une aventure personnelle, puisque nous sommes notre propre levier dont il faut assurer la fermeté avant de pouvoir agir sur le cours des choses, à l'imitation du Christ dont le Sacrifice est un profond cheminement intérieur débouchant sur la Rédemption universelle. Le service des autres est hautement louable, à condition de ne pas s'y oublier soi-même, voire de s'exonérer par cela de notre sincère examen de conscience. C'est chacun qui a été confié à soi-même.

Version chantée / français (+ breton, hébreu, grec, latin)
-Agneau de D.ieu, qui enlève le péché du monde, prends pitiè de nous. (bis)
-Agneau de D.ieu, qui enlève le péché du monde, donne-nous la Paix.
-ar Peuh, Shalom, Eirene, Pace, la Paix.

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Communio / Komunion
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Ce chant de Communion n'est pas comme d'autres basé sur une dimension trinitaire, mais résolument construit en binaire avec le double unifié des éléments corps et sang. La composition musicale est naturellement à deux temps, mais pas avec un fort et un faible. On chante deux parties deux fois, l'une en français, l'autre en breton ; chacune pouvant encore se subdiviser. Bref, c'est un peu de la cuisine, mais c'est bâti pour porter le symbole.

Dans une première version, j'avais utilisé le mot : corps/korv plutôt que : chair/kig, reprenant sans réfléchir les formulations de la messe : " Ceci est mon corps ", " Corps du Christ / corpus Christi ". S'il est un fait que les Évangiles synoptiques emploient le terme grec : sôma/corps, celui-ci n'est en fait qu'une transposition de l'araméen : bésar/chair, ce que Jean restitua plus fidèlement (Jn 6, 54) : " Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle " et (Jn 6, 56) : " Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. " Le récit complet (Jn 6, 26-59) est magistral et édifiant ! À noter que Jean ne place pas l'histoire dans le cadre de la dramaturgie (un peu trop ?) théâtrale de la Cène dans les derniers moments où ils sont réunis mais lors de circonstances nettement plus habituelles (donc plus crédibles ?) d'un enseignement en synagogue (à Capharnaüm). On remarquera aussi l'emploi du temps présent et non du futur. C'est à la communion de l'état matériel (la chair) et du flux spirituel qui l'anime (le sang) à laquelle nous sommes conviés. Toute vie naît de la communion de deux éléments ; il en va du monde matériel comme du spirituel. La communion est un sacrement.

Après une solenelle procession musicale allant crescendo, j'ai réduit l'aboutissement du chant au minimum car on n'est plus dans un temps de parole mais d'action (avec ressenti émotionnel) ; le fidèle participant alors corps et âme au rituel. Dans la première énoncée en français où le Christ s'adresse directement à nous , j'ai mis les verbes d'un côté (en premier) et les noms de l'autre, ce qui est une distinction et non une séparation. Dans l'acclamation en breton qui suit, il n'y a plus de verbe mais l'expression suffocante et affamée de la foi chrétienne.

Version chantée / français, breton
Traduction française
-Mangez, buvez, ma chair, mon sang. (bis)
-Kig er Salvér ! Gwad er Salvér ! (bis)
-Mangez, buvez, ma chair, mon sang. (bis)
-Chair du Sauveur ! Sang du Sauveur ! (bis)

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Chant final : Pèlerin
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Ce kan bale (chant de marche) m'est venu au tout début de mon parcours (inachevé) sur le chemin de Saint-Jacques, en 1992, et m'y accompagna gaillardement, me soutenant efficacement dans les épreuves (qui ne manquèrent pas). Il était donc vraiment légitime de le placer " officiellement " dans mon parcours artistico-spirituel, d'autant qu'il est tout à fait approprié à l'élan d'une fin de messe où les chrétiens sont envoyés (le mot " messe " vient du latin : mittere/envoyer) de par le vaste monde pour être les témoins de la parole vivante. Chaque vie est un cheminement vers...
Version chantée / français
-Pèlerin, pèlerin,
-ceins ta coquille, et va !
-Pèlerin, pèlerin,
-va ton chemin...
-ad lib.

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Petrus à la chorale de Dol

 

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