dans les Règles de l'Art

1992

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Thème

Je suis un amateur d'opéra et qui plus est un wagnérien. Parsifal – le dernier achevé – est certainement le plus sublime de Richard Wagner. Je ne me souviens plus ce qui m'a fait choisir un thème autant partagé entre théâtral que religieux, mais ce fut un important changement dans cette série, non pas d'orientation mais élargissant le champ spirituel et mythologique à des considérations plus artistiques, sans s'éloigner de l'esprit, comprenant juste qu'il est bien plus vaste que des considérations catégorielles.

C'était fatal, étant donné l'importance de la théâtralisation de ces tableaux où je fais plus office de metteur en scène que de peintre. Oui, le bois des panneaux est bel et bien une scène où se jouent des drames humains, en rapport à ce qui dépasse l'Homme, concepts plus ou moins mystérieux mais universels. C'est le principe des mythes. Ici, l'on est dans la faute : celui-ci a manqué à son devoir et en paye les douloureuses conséquences. L'image montre sa souffrance intérieure, mais le texte affiche que la Rédemption est toujours possible…

Amfortas est prêtre, roi et chevalier, gardien du Saint Graal et de la Sainte Lance (celle qui perça le flanc du Christ en croix). Il est en lutte contre Klingsor, un magicien qui se montre plus malin car il lui envoie une femme irrésistible pour le séduire… et Amfortas succombe. Le fourbe en profite pour s'emparer de la Sainte Lance et en perce le flanc du dévoyé ! lui infligeant une blessure inguérissable… tout autant que sa honte. Or une vision lui promet un espoir de salut au travers un oracle (c'est le texte écrit à la feuille d'or sur la peinture), qui reviendra plusieurs fois, annonçant la venue d'un homme pur, capable de le sauver. Ce sera Parsifal, lequel va récupérer la Lance, l'appliquer sur la plaie qui guérira instantanément, permettant à Amfortas de mourir, purifié, Parsifal devenant le nouveau roi des chevaliers du Graal. Cela se produit un Vendredi Saint à noter que l'opéra lui-même fut conçu un Vendredi Saint.

 

Texte

Durch Mitleid wissend der reine Tor : harre sein den ich erkor.

Pitié rend sage le chaste fol : sache attendre qui j'ai choisi.

Ces deux vers sont donc l'oracle visionnaire pour annoncer la venue de Parsifal. Ils ont été écrit par Wagner, qui rédigea le livret de son opéra (d'après la geste du Moyen-Âge).

 

Études de Compositions

Comme souvent, je commence par placer le ou les personnages dans un décor, avec des accessoires, pour les renvoyer dans l'ombre ensuite, ne conservant que les êtres. J'ai donc d'abord imaginé Amfortas assis sur son trône, puis laissant la possibilité qu'il soit debout, ployant sous la douleur, tordu par elle.

 

 

 

Poses

Je ne fis qu'une scéance de poses (photo), mais ne m'en suis pas servi, le petit croquis ci-dessus me satisfaisant totalement pour ce que je voulais faire.

 

Dessin final

Pour accentuer l'expressivité, j'ai usé du procédé de déformation corporelle déjà employé pour le Portrait d'Oscar Wilde.

1992 - crayon sur papier kraft brun - 100 × 100

 

Peinture

 

Pas de photos progressives.

 

Signature au dos

La croix fut tracée avec mon sang...

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