Labyrinthe XXIII
98 × 95 × 15,5
cm - Bois (contreplaqué, sapin, chêne), peinture vinylique - juillet 2019
Ce Labyrinthe est une commande de l'ami Gilles G. – chose rare ! et qu'il en soit remercié –, avec trois volontés : |
1°) qu'il soit en 1 x 1 mètre |
2°) qu'il reprenne le principe des couleurs primaires du Labyrinthe N°II : « Il y a de la Joie » |
3°) que le texte soit tiré du poème d'Henri Michaux : « Pensées ». |
J'étais ravi de pouvoir faire un autre grand Labyrinthe, ce qui ne se fait pas facilement, incluant le coût des matériaux et la place où le mettre ensuite... Mais l'impact visuel est évidemment bien plus frappant en 1 x 1 m qu'en 60 x 60 cm habituels. |
C'est toujours intéressant de travailler sur une commande, car on y explore des champs où l'on ne serait sans doute pas allé, sans. Ici, comme je devais reprendre les couleurs d'un autre, j'ai cherché ce qui pourrait le distinguer, pour éviter l'effet d'une redite. |
Et j'ai trouvé en pensant à des parois de différentes hauteurs. Je me suis arrêté sur trois, en 5, 10 et 15 cm. Malheureusement, faute de trouver ce que je voulais, j'ai dû me résigner à prendre du 14 cm. De même, je ne fis pas attention que certaines étaient courbées, ni que la planche de fond – du contreplaqué de 15 mm – était aussi assez bombée à un endroit... Cela me causa des difficultés supplémentaires. |
J'étais enchanté d'avoir à mettre en valeur le poète Henri Michaux. La plupart de mes Labyrinthes sont des labyrinthes poétiques, et souvent dédiés à un poète en particulier. Or Michaux fait incontestablement partie de ceux que j'admire et affectionne ! Et, si l'usage veut que je ne mette que cinq éléments de texte, la taille réduite de ce poème me permit de le mettre tout entier, ce qui me sembla le mieux. J'ai d'abord pensé écrire le texte moi-même, mais je n'étais pas si sûr de réussir à en faire un bel effet. J'ai pensé à des tampons déjà utilisés pour d'autres œuvres, et en particulier les Copies d'Époque. Or ceux-ci font 2 cm de haut, exactement comme l'épaisseur des parois. La messe était dite, même si j'ai varié avec d'autres plus petits. |
Il est mal aisé de pouvoir restituer une lecture linéaire, et l'ai organisée... sans trop m'en soucier ! J'aime beaucoup cet effet parcellaire, désarticulé, qui ne nuit pas, me semble-t-il, au poème. Au contraire, cela introduit un jeu de possibles dans l’ordonnancement, celui-ci étant plus ou moins laissé libre au regard du spectateur. |
Pensées |
Henri Michaux, 1938 |
Penser, vivre, mer peu distincte ; Moi — ça — tremble, Infini incessamment qui tressaille. |
Ombres de mondes infimes, ombres d’ombres, cendres d’ailes. |
Pensées à la nage merveilleuse, qui glissez en nous, entre nous, loin de nous, loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer ; |
étrangères en nos maisons, toujours à colporter, poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.
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Conception & Construction
Plan au sol | Plan des pièces avec hauteur. A-Bleu : 14 cm, B-Vert : 10 cm, C-Rouge : 5 cm. |
La maquette en 3D a servi à concevoir et disposer les 3 hauteurs de parois et les couleurs
Plan tracé sur le fond (tordu !)
Fond peint en blanc avec motifs à l'imitation de ceux de Michaux, comme dans cette encre sous mescaline de 1956 (ci-dessous)
Perso, je vois ici des corps en chute, me faisant terriblement songer à la partie IV du poème de Victor Hugo : « La Vision de Dante ». C'est un thème qui m'est cher avec Icare, mais aussi depuis mes études pour une grande « Saint-Barthélemy », avec le corps de l'amiral Gaspard de Coligny jeté par la fenêtre. |
Les lattes découpées
Les lattes peintes, et les tampons pour écrire (avec un test)
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