Ce Labyrinthe est un hommage au cher poète Guillaume Apollinaire. C'est le huitième poète (en me comptant du nombre) à hanter les méandres mystérieux de mes constructions (mentales). J'en prévois bien d'autres ! dont les deux suivants. C'est que la poésie est un parcours chaotique dont l'harmonie a plus de signification que le sens trivial des mots. Il s'agit d'aléatoire organisé, circonscrit dans un cadre (plus ou moins) formel, matériel, mais avec une ouverture totale, absolue, vers un ciel aspirant à l'élévation de toute âme sensible.

Pour la première fois, je l'ai voulu à l'horizontal, l'ayant garni de pieds de table. Ce n'est cependant en RIEN une table ! du genre avec une plaque de verre dessus pour pouvoir y poser des gâteaux apéritifs, un cendrier ou des revues... Ce n'est même pas un meuble (sans destination), mais juste une œuvre mobile, disposée sous cette forme pour faciliter les différents points de vues et d'orientations.

Ce fut un vrai casse-tête pour sélectionner et organiser la composition des 137 images se référant au poète dont la modernité n'a pas faibli depuis un siècle. C'est pour cette raison que j'ai opté pour le titre : « Je demeure » (tiré du « Pont Mirabeau »), car son Œuvre reste toujours très vivante et parlante. C'est aussi le cas de sa personne ! et sa grande et belle âme a dans cette œuvre un petit pied-à-terre dans le XXIème. 

Ce furent un peu des retrouvailles, car les premières œuvres que je fis à partir de son Œuvre datent de 1982 (voir ici), et c'est également par lui, en 1989, que j'ai commencé à utiliser l'outil informatique comme outil de création artistique (voir ici) – ayant des réticences à. Je me suis également permis de m'intégrer dedans, via un autre travail infographique sur son poème « Zone », où j'illustrais 16 vers choisis par des autoportraits photographiques, plus des siens pour le titre, colorisés sur ordinateur (voir ici). 

Les images du Labyrinthe sont volontairement patinées, pour lui donner un air comme s'il venait du temps du poète. Comme petit objet à intégrer, j'ai eu la chance de trouver rapidement exactement ce que je désirais : un petit canon de 75 ! à savoir le même modèle dont il commanda les tirs pendant la Grande Guerre. « J'ai tant aimé les Arts que je suis artilleur » écrivit-il dans un poème épistolaire, en 1915. Il fut engagé volontaire, bien qu'alors de nationalité étrangère. Apollinaire était techniquement russe, né à Rome d'une mère polonaise – n'ayant pas été reconnu par son père, un noble officier italien. Il obtiendra la nationalité française le 9 mars 1916 et sera gravement blessé à la tête quelques jours plus tard. Or c'est la grippe espagnole qui le tuera, 2 jours avant l'Armistice, à seulement 38 ans.